Enigme 470 – La flèche de Roncevaux

L’énigme de la Chouette d’or nous propose d’utiliser une flèche à Roncevaux pour définir notre première visée oculaire.

Déchiffrer la charade

Sur le même principe que la 530, cette énigme nous donne lettre à lettre « A RONCEVAUX » et sa dernière phrase nous laisse sur « Trouve mon Tout et par l’Ouverture, tu verras la lumière », encore une fois avec un verbe au futur, me laissant penser que ce résultat n’est pas immédiat mais ultérieur.

Je note qu’il n’est pas demandé d’effectuer un tracé mais une visée oculaire. « Là, à Roncevaux, tu te places et tu regardes par Bourges ». Mais alors je suis face à un paradoxe car il est impossible pour un être humain de voir la ville de Bourges depuis les Pyrénées. La suite de mon hypothèse va proposer de lever ce paradoxe : il n’est qu’apparent.

Se pose aussi la question de savoir ce qu’est la lumière. Pour cela je fais appel aux hypothèses précédentes : la 530 laisserait éventuellement supposer que je suis face à l’Est, à l’aube, ce que symbolise justement le coq, donc que la lumière serait alors le soleil. Mais la 780 vient écarter cette possibilité en précisant que je suis face au sud, ce qui change donc l’heure de l’observation, la lumière étant bien le soleil.

Interprétation du visuel

Le visuel fait clairement référence à Roland de Roncevaux qui aurait planté son épée Durandal dans un rocher au moment de mourir d’après le texte qui relate cette épopée : la Chanson de Roland. Largement romancée car cette histoire n’est pas une réalité historique, une escarmouche avec les Basques que les troubadours ont brodé trois siècles après en faisant une attaque des Arabes. D’ailleurs, le lieu même de cet événement n’a jamais été déterminé avec certitude.

L'énigme de la Chouette d'Or - Visuel de la 470 - L'épée Durandal plantée dans son rocher pour évoquer Roncevaux
Copyright Michel Becker
Visuel de l’énigme 470 par Michel Becker

Cette énigme me place donc dans une problématique : il est impossible de pointer sur une carte le lieu avec exactitude. Il y a plusieurs lieux approximatifs : le Col de Roncevaux, la brèche de Roland, le village de Roncesvalles, … mais lequel choisir et comment le placer sur la carte de France ? Et finalement, faut-il faire un choix ?

Comprendre le titre

« Ce n’est le bon chemin que si la flèche vise le cœur » fait clairement référence à une visée oculaire réalisée par un archer. Confirmé par une IS, le mot cœur désigne la ville de Bourges. Ce titre est donc redondant avec la fin de la charade – mais je montrerai qu’il est aussi une clef à utiliser ultérieurement.

En synthèse

L’énigme 470 de la Chouette d’or me demande de me placer pour tirer virtuellement une flèche depuis Roncevaux, lieu clairement identifié par la référence à Roland et son épée. Là, je dois effectuer une visée oculaire vers Bourges, pour voir la lumière. Je suppose que cette lumière est le soleil à midi donc le sud.

Il y a aussi un paradoxe puisque ce lieu n’est pas plus localisable que la visée n’y est matériellement possible si j’étais sur place : c’est donc les hypothèses qui précèdent qui me permettent de comprendre ce que cela veut dire : cette visée est symbolique et ne m’est possible que sur le terrain final où creuser (que j’appelle « le plan du piéton »).

Imbrication avec les énigmes précédentes

Les hypothèses précédentes me permettent de donner un sens en levant le paradoxe. Dans les faits, je ne suis pas à Roncevaux, mais en un point qui correspond à Roncevaux sur le terrain où creuser. L’imprécision de la localisation de l’endroit où Roland planta son épée n’est donc pas importante, l’important étant la visée oculaire.

Cette visée devient en effet matériellement possible si je l’effectue sur le terrain et elle consiste à viser l’Ouverture, donc le point où creuser qui correspond à la ville de Bourges. Et au-delà de l’Ouverture, je verrai donc la lumière, c’est à dire le soleil à midi, me donnant ainsi la position du pole sud qui me manquait sur le deuxième niveau de lecture de la carte. Je peux alors représenter mon hypothèse par le dessin suivant :

Solutions selon Simon : Représentation graphique de mon hypothèse de la 470 s'ajoutant à celles de la 530 et la 780.
La flèche de Roncevaux me donne ma première visée oculaire.
Représentation graphique de ma résolution en 470
(c) 2023 – Simon Templar

Il est important de noter que cette énigme ne me demande pas de tracer cette visée sur la carte de France. Et il ne m’est pas demandé d’effectuer un déplacement non plus : je suis dans la plus stricte observation d’un concept, la lumière.

Les IS concernées

  • CA C’EST PASSE EN L’AN 778
  • POUR TROUVER LA LIGNE DE MIRE L’OUVERTURE EST UN TRÈS BON GUIDON

La première IS confirme ce que je savais déjà d’autant que son mini-visuel représente le célèbre cor de chasse de Roland. Il y a donc une insistance à localiser l’événement historique plutôt que le lieu où il se serait déroulé – ce qui est normal puisque les historiens l’ignorent !

La seconde IS me fait entrer dans le champ sémantique de la balistique d’un archer visant une cible. Le guidon d’une arme à feu est la petite pièce crantée qui permet de viser, rôle que l’Ouverture va donc jouer dans cette chasse : j’effectue une visée oculaire, mais surtout une visée humainement réalisable. Ce n’est donc pas que je suis réellement à Roncevaux pour viser Bourges.

Le premier leurre

Un premier leurre apparaît à ce stade de ma résolution : l’orientation de la carte souffre d’interprétations.

Voir le premier leurre sur l’utilisation et l’orientation de la carte

La synthèse du Figaro Magazine

L’article du Figaro Magazine sur l’énigme 470 de la Chouette d’Or amène là encore des précisons de compréhension sur le Flèche de Roncevaux :

L'énigme 470 de le Chouette d'Or - Synthèse du Figaro Magazine du 12 juillet 1997.
Article du Figaro Magazine du 12 juillet 1997

Cette synthèse concorde parfaitement avec mes hypothèses. J’en note la subtilité : cette énigme fournit une destination mais il n’est en aucun cas dit qu’il s’agit d’un déplacement depuis le point où je me trouve. Toute la synthèse contourne délibérément la moindre précision pour renvoyer le lecteur vers ce qu’il doit faire : regarder la lumière.

Evidemment, l’élément antérieur qui permet de savoir si la lumière est la bonne est la boussole de la 780 qui m’a fourni le bon cap, le sud, ce qui m’a permis de poser l’hypothèse qu’elle serait le soleil à midi. Max souligne également que l’emploi du futur dans les verbes à son importance.

Le cahier des charges de Becker

Dans ses deux versions, le cahier des charges est identique et mentionne seulement l’épée de Roland – et avec un point d’interrogation montrant que Max Valentin était dans la suggestion d’une idée et non pas une description clairement établie.

Ce simple détail montre à quel point le visuel de la 470 – et probablement tous les autres – ne sont finalement pas d’une importance cruciale en offrant des détails qui ne participent pas de l’énigme.