La Chouette d’Or demande le repérage d’une contremarque, c’est-à-dire un duplicata en bronze à échanger contre la dotation. Pour effectuer cette action, il faut donc se placer en un point et je vous propose ici de déterminer comment il faut le faire.
Le repérage élémentaire d’un point
Lors du repérage d’un point quelconque sur le terrain, les paramètres suivants sont les plus importants :
- la distance de l’oeil à la mire
- la largeur de la mire
- la distance à laquelle le point de repère se trouve de la mire
- la taille du point de repère visé
En utilisant le théorème de Thalès, on a la formule :
D(A,B) = Largeur mire * D(A,Repère) / D(Mire,Repère)
Si on considère que de la position A à la mire il y a 100 mètres, que de la mire au repère il y a 5 mètres et que la largeur de la mire est de 1 mètre, l’observateur situé en B doit se placer à 21 mètres de l’observateur situé en A pour viser le même repère dans la même mire. Les positions A et B étant distantes de 21 mètres nous sommes très loin d’obtenir une précision au mètre près !
Bien évidemment, le décalage entre les positions A et B est beaucoup trop important. La mire est suffisamment étroite mais pas pour viser un repère aussi proche.
Pour un repérage précis, il faut donc viser un autre repère beaucoup plus loin. Par exemple, un repère placé à 300 mètres de la même mire, pour un observateur placé en A à 100 mètres de la mire (comme dans l’exemple précédent), entraîne une position de l’observateur en B à 1,33 mètres de la position A pour faire la même visée. Ce qui est déjà beaucoup plus précis.
En tenant compte de ces paramètres vous pouvez donc à l’aide de la 2ème carte au 1/25.000, savoir si les choix de la mire et des points de repère visés sont pertinents. Tout du moins si vous prenez des repères assez éloignés. Car trop proches, le raisonnement peut être encore valable sans que la 2ème carte ait alors une utilité. Si vous prenez une mire de 10 centimètres de large, repère et position de l’observateur peuvent être à 10 et 30 mètres : c’est faisable. Précis mais la 2ème carte est complètement inutile pour faire cela).
Tout ceci peut vous éviter des fausses pistes … depuis votre fauteuil.
Pour un repérage précis
Comme nous l’avons vu dans la section précédente, sous certaines conditions de distance, il est possible d’avoir une précision « dans la largeur » de l’ordre du mètre par une simple visée oculaire.
En revanche, l’observateur peut avancer ou reculer le long de la ligne de mire. Dans ce sens la précision est très mauvaise pour ne pas dire inexistante.
Il est alors évident qu’en doublant cette visée, l’observateur se place sur un spot pile poil. D’autant mieux si ces visées sont perpendiculaires !
En deux fois deux visées, vous obtenez un quadrilatère ABCD de petites dimensions. Pourvu que les points de repère visés et les mires soient à des distances acceptables.
Cette méthode pour se situer est donc relativement bonne et précise. Mais elle peut encore être améliorée grâce à la nature des points de repère, de la mire et surtout en ouvrant les deux yeux !
Il suffit en effet que le point de repère visé s’inscrive exactement dans la mire pour augmenter notablement la précision.
C’est ce que montre la figure ci-dessous. En partant du principe que la mire est un arc de triomphe et le point de repère une tour.
Lorsque l’observateur se décale d’une vingtaine de centimètres, le point de repère n’est plus centré. Et il est même « mordu » par la mire : on peut donc obtenir un spot précis !
Le risque d’erreur
Supposons qu’une mire et un point de repère permettent une bonne visée. L’observateur peut encore avancer et reculer le long de la ligne de mire sans perdre la visée sur une très grande distance. Ce qui suppose alors d’avoir un deuxième repère, proche de l’observateur, à partir duquel il va pouvoir reporter la distance.
Les conditions pour un tel repérage sont plus difficiles à obtenir (alignement de trois repères, celui du milieu étant une mire) et la méthode est difficile à mettre en oeuvre sur le terrain. Elle reste cependant acceptable : un observateur peut se positionner au mètre près de cette manière.
Mais cette méthode pose d’autres problèmes …
L’extrémité de la ficelle (ou du décamètre) doit être placée correctement sur le point de repère. Si ce point de repère est un gros rocher (mettons de 2 mètres de large et de 1 mètre de haut), la nature même du repère amène une imprécision : où met-on l’extrémité ?
L’imprécision du report est donc liée au choix arbitraire de placer l’extrémité de la ficelle en un lieu sur le rocher : il y a une imprécision de deux mètres dans la figure ci-dessous suivant que l’on prend un côté ou l’autre du rocher. Et pourquoi ne pas prendre le milieu du rocher ?
Dans cette solution, le chasseur est donc tributaire de la nature et des dimensions du point de repère qu’il choisit :
- plus le repère est gros, plus il a de chance d’être pérenne mais moins il est exploitable d’un point de vue précision
- plus le repère est ponctuel plus il est précis mais moins il a de chance d’être pérenne, et plus les possibilités dans la nature de ce repère sont limitées (une borne par exemple pourrait fonctionner, mais un rocher … c’est déjà moins sûr)
Cette méthode n’est pas impossible mais très contraignante une fois sur le terrain : elle présente donc un risque. Pour être applicable, cette méthode suppose, par exemple, que le rocher soit équipé d’un anneau ou d’une marque très petite permettant d’être un point de report non arbitraire.
Autres techniques
La triangulation
Une figure géométrique intéressante est le triangle car il est indéformable. En disposant de deux distances que fourniraient le livre, et en ayant deux points de repère suffisamment ponctuels sur le terrain, il est alors possible de construire deux triangles se partageant le même côté : on trouve donc deux spots possibles, un de part et d’autre des deux repères.
Cette solution ne nécessite pas de visée : c’est là son avantage. Mais elle suppose que les deux points de repère soient réellement ponctuels, les distances plutôt courtes et elle ne s’affranchit pas des problèmes de précision liés à la nature du terrain.
Enfin, le livre doit indiquer lequel des deux points il faut prendre, à moins que la nature du terrain écarte l’une ou l’autre option !
Sans report de distance ni visée : l’intersection
Si nous disposons de quatre points de repère suffisamment petits, ils constituent un quadrilatère. Il suffit alors de deux bouts de ficelle suffisamment longs pour « tracer » ses deux diagonales.
Leur intersection donne alors un spot d’une précision redoutable pourvu que les points de repère soient réellement ponctuels (donc de taille réduite).
Cette méthode est plus précise que le report de distance mais elle demande quatre points de repère pérennes dans une configuration précise et ne résout pas les imprécisions liées à la nature du terrain.