Enigme 530 – l’Ouverture à Bourges

L’énigme 530 de la Chouette d’or commence par une Ouverture : la ville de Bourges donnée par une charade. Mais qu’est ce que cela veut dire ?

Déchiffrer la charade … ne suffit pas !

Cette énigme donne donc l’amorce géographique, Bourges, par une charade poétique énumérant chacune des sept lettres de la ville. Il n’y a d’ailleurs que peu de doute sur ce résultat largement trouvé par la plupart des chasseurs. Et partiellement confirmé par Max Valentin dans plusieurs indications supplémentaires.

Une discussion tourne parfois autour du mot ETERNITE écrit en majuscules. Mais cette graphie n’a pour seul but que de mettre en valeur le mot lui-même, en gommant ses deux accents au passage, afin de retenir la lettre E. Personnellement, je retiens donc comme hypothèse la plus communément admise BOURGES. Sans m’attarder sur la forme, préférant me focaliser sur le fond.

Le dernier vers met en valeur une opposition. « Pour trouver mon tout, il suffit d’être Sage, car la Vérité en vérité ne sera pas affaire de Devin. ». Cette dernière phrase indique que le point de départ géographique. Mon tout, affaire d’une devinette, est symboliquement associé à la Vérité. C’est-à-dire à un concept qui elle n’est pas le résultat de la charade.

Le lecteur notera les temporalités des deux verbes. Pour la charade, « il suffit » est au présent. Quand la Vérité « ne sera pas » et non pas « n’est pas affaire de devin ». Ce futur nous indique donc que la Vérité en question ne peut pas être identifiée immédiatement.

Interprétons le visuel

Commençons par interpréter l’arrière-plan : il met en valeur Bourges sur une carte de France mais sans réelle précision géographique. Cependant, par définition une carte est symbolique puisqu’elle traduit en modèle réduit et par des dessins conventionnels, une réalité physique. Ici, l’œil du coq est détourné grâce à sa forme pour représenter l’emplacement de la ville sur la carte.

L'énigme de la Chouette d'Or - Visuel de la 530 - Bourges est l'Ouverture
Copyright Michel Becker
Le visuel de la 530 par Michel Becker

Comment doit-on comprendre le premier plan alors ? Une recherche dans un dictionnaire des symboles permet de comprendre que le coq représente la Vérité de la fin de la charade. Car cet animal est celui qui voit le premier la lumière à l’aube dans la symbolique occidentale. Mais le coq, c’est aussi le symbole de notre pays, donc de la France dessinée sur l’arrière-plan. Ainsi tout est double dans ce visuel comme dans le texte.

Que nous dit le titre ?

Une ouverture est un mot qui désigne deux familles de concepts. Le début de quelque chose : un jeu, une manœuvre, un morceau de musique. Et un orifice, un trou, un œil aussi. L’ouverture peut aussi désigner un angle mais nous ne retenons pas cette acceptation.

Nous allons voir que ces deux sens possibles s’articulent parfaitement dans notre conclusion.

Pour conclure

Ensemble le visuel, le résultat de la charade et le titre sont symboliques et expriment une dualité :

  • L’œil du coq est aussi la position de la ville de Bourges sur la carte de France
  • Le titre de l’énigme 530 est « Ouverture » qui signifie à la fois le début du jeu, et sa fin, le trou où creuser quand on a la solution, donc la Vérité

Je comprends alors que la carte est un outil qui doit être considéré comme le simple support des éléments que je trouverai. Mais avec deux niveaux de lecture. Ici, je trouve Bourges qui est un symbole sur la carte de France. Mais qui en même temps un symbole « sur autre chose » : le trou à creuser sur le terrain lui-même.

Le schéma ci-dessous illustre cette compréhension duelle :

Solutions selon Simon : Représentation graphique de mon hypothèse de la 530
Représentation graphique de mon hypothèse de la 530
(c) 2023 – Simon Templar

Imbrication avec l’énigme précédente

A l’évidence, l’énigme 530 de la Chouette d’Or a donc pour Ouverture la ville de Bourges mais quel sens par rapport à l’énigme B ?

Bien sûr la B par son texte permettait de savoir que cette énigme est celle où poursuivre. Mais au-delà de cette seule transition, Il y a un prolongement logique de mon hypothèse de l’énigme B qui continue dans la 530 au travers du symbolisme : dualité et juxtaposition.

Les IS concernées

  • IL N’Y A QU’UNE SEULE VÉRITÉ, ET IL FAUT LA TROUVER. MAIS LE CHEMIN EST PARFOIS TORTUEUX ET SEMÉ D’EMBÛCHES. À QUI LA FAUTE ? PAS À MOI !… JE RÉPÈTE : PAS À MOI !
  • DE CETTE OUVERTURE EST NÉE UNE CŒUR
  • IL N’Y A PAS 36 OUVERTURES, IL N’Y EN A QU’UNE DANS LE LIVRE!
  • RESTE SIMPLE DANS LA 530, CAR CE N’EST QU’UN LIEU POUR DÉMARRER LE JEU !

L’unicité de l’Ouverture et de la Vérité est un thème récurrent montrant son importance dans ces indications. Le Cœur auquel il est fait référence est bien évidemment le personnage de Jacques Cœur natif de Bourges, mais je montrerai plus loin que cette même IS peut jouer un second rôle.

La synthèse du Figaro Magazine

L’article du Figaro Magazine sur l’énigme 530 de la Chouette d’Or ne précise pas que l’Ouverture est Bourges, mais il en dit beaucoup !

L'énigme 530 de le Chouette d'Or - Synthèse du Figaro Magazine du 28 juin 1997.
Article du Figaro Magazine du 28 juin 1997

Cette synthèse concorde avec mes hypothèses et donc confirme qu’il faut trouver un lieu unique. Je note que le mot sage n’est pas d’une importance fondamentale – alors que j’ai vu un temps dans le mot devin une allusion à Nostradamus – sujet qui n’est pas abordé dans cette synthèse.

Le cahier des charges de Becker

Si la première version du visuel aurait dû être un panneau pointant un coq avec un nombre, sa deuxième version supprime ce dernier pour se focaliser sur le seul symbole du coq et de la carte de France.

Toutefois un détail montre qu’il ne faut pas se focaliser inutilement sur ce visuel, car les pattes qui devaient initialement être au niveau de Bourges ont disparu au profit de son œil.

Ici Becker n’a donc pas respecté le cahier des charges mais a produit un visuel qui finalement s’accorde beaucoup mieux avec le texte de l’énigme d’un point de vue symbolique, l’œil du coq renvoyant à la lumière de la B. En plaçant les pattes du coq au niveau de Bourges, celui-ci aurait été quasiment moitié plus petit que l’actuel.

De son propre aveu, il expliquera en 2021 notamment que le bec du coq visant Roncevaux et Cherbourg n’est qu’une pure coïncidence qui sera a posteriori intégré par Max Valentin à l’histoire de la chasse puisque en fait un visuel peut ainsi contenir des éléments allant dans le bon sens même s’ils n’avaient pas été prévus – et au contraire d’autres éléments sans importance réelle.

Je retiens donc que la démarche utile est de remplacer les visuels par une description textuelle synthétique qui revient à recréer le cahier des charges à partir des visuels pour éviter les écueils de leurs multiples interprétations.

Je note cependant une interprétation possible du nombre « 13469696 » prévu initialement dans le visuel car pour une valeur de mesure de 33 centimètres, ce nombre est une distance de 444,5 kilomètres, soit environ 44,5 centimètres sur la carte de France. Une distance qui vaut d’ailleurs 100 lieues terrestres, c’est à dire 4 degrés du périmètre terrestre.

Or cette distance correspond à la position d’un point à Bourges par rapport au rebord de la carte 989. Je reviendrai plus loin dans mes hypothèses mais ce commentaire sur le cahier des charges confirme une hypothèse ultérieure.