Ma supersolution

L’énigme de la Chouette d’Or se termine par une supersolution, c’est-à-dire une synthèse permettant de localiser le point précis où creuser.

Préambule : la boucle est bouclée

Roland de Roncevaux : un fil rouge

Voici une synthèse géographique de mes hypothèses :

Synthèse géographique de mes hypothèses sur la carte de France. Roland de Roncevaux est un fil rouge.

Je fais ici plusieurs constats : tout d’abord que l’axe Metz-Bourges trouvé en 650-520, si je le prolonge, passe par Blaye où Roland de Roncevaux a été enterré.

De plus, partant de la Nef Encalminée vers Bourges je vais en un lieu remarquable, le Puyrolland, lié à Roland de Roncevaux comme l’atteste la toponymie voisine (notamment à Varzay), sans qu’une raison historique probante puisse être avancée – sinon la relative proximité de Blaye.

Bien sûr il y a d’autres lieux liés à Roland de Roncevaux en France, comme Rocamadour où la légende veut que son épée soit plantée dans un rocher. Mais il faut bien admettre que des alignements remarquables avec des lieux en rapport avec Roland de Roncevaux viennent ici confirmer les trois axes s’entrecoupant à Bourges.

Une énigme circulaire

L’énigme est circulaire et m’amène de la longueur d’onde 420 à 780, soit un intervalle de 360 nanomètres.

Sur la carte de France, les 10 villes de la 580 me faisaient faire un tour de 360°. Et enfin, l’étape 520 m’amène de Metz à Bourges, pour finaliser une boucle par une médiane de 360 kilomètres. Il y a donc là une insistance dans ce nombre « 360 » qui permet aussi de donner une lecture au second degré de « referme sa blessure » : l’idée que revenir au point de départ ferme une boucle – allusion que les IS du Tour de France soulignent aussi.

Mes tâtonnements

Comment trouver la zone finale ?

J’ai passé de longues années à chercher une zone, mais sans réellement résoudre les 11 énigmes. Voici une synthèse de mes techniques pour localiser une zone en général :

  1. Je peux avoir ce lieu déjà présent sur la carte de France, issu de mes hypothèses
  2. Je peux trouver un lieu remarquable proche de la zone à l’aide d’indices qui l’identifie spécifiquement, un monument par exemple
  3. Je peux aussi tracer un cap sur la carte de France – sachant qu’à la fin de la 520, je suis localisé sur l’Ouverture, puis l’utiliser pour positionner un point à l’aide d’une distance précise et un cap précis
  4. Je peux calculer les coordonnées GPS d’un lieu à l’intérieur de la zone
  5. Je peux aussi extraire un nom de mes hypothèses par une technique de déchiffrement
  6. Enfin, je peux chercher « à tâtons », probablement en partant de Bourges, des indices non géométriques m’indiquant que j’ai trouvé la bonne zone : un mix des techniques 2 et 3, sans la distance ou le cap

Concernant la première technique, à l’exception de Dabo que j’estimais être une fausse zone autrefois, aucune des villes, aucun des lieux fournis par l’énigme ne m’a permis de trouver une zone où trouver des points de repère, notamment trois Sentinelles ou un Navire Noir Perché.

Pour la seconde technique, j’ai tenté la recherche de la zone par identification d’un édifice religieux perché et noir, notamment en explorant la piste des cathédrales, sans résultat. Sur le même principe, pensant que les Sentinelles étaient des moulins à vent, j’ai eu la même démarche, tout aussi vaine. La technique n°2 a donc été infructueuse.

A partir de l’année 2019, j’ai tenté de reporter une distance et un cap précis depuis Bourges selon plusieurs possibilités rationnelles et en nombre limité – dont une en forêt de Mormal qui m’a conduit sur les pas de Louis Stevenson – et une autre à Rocamadour – mais j’ai dû aussi me résoudre à abandonner cette 3ème technique.

En 2021, j’eus l’idée de chercher à calculer les coordonnées GPS du lieu car plusieurs éléments de mes hypothèses pouvaient alimenter cette démarche. Mais j’ai fini par comprendre que le niveau en mathématique était trop complexe et surtout que les calculs m’amenaient à trouver difficilement un point en France métropolitaine. J’ai donc abandonné cette trajectoire fin 2022.

Début 2024, j’ai compris que j’avais négligé une méthode simple : construire le nom d’un lieu. J’ai donc développé l’idée que chaque énigme me donnait une lettre, donc le nom d’une ville de 11 lettres.

Cette idée a été confortée par plusieurs indices apparents :

  • Il y a onze énigme et la première me donne la lettre B n’ayant pas de longueur d’onde
  • l’étape 530 me donnait « Bourges » en 7 lettres – comme les 7 notes de la gamme que je retrouve en 580
  • l’étape 470 me donnait « A Roncevaux » en 11 lettres par un artifice inutile : le A et l’espace. Une charade en 9 lettres suffisait largement. Pourquoi 11 ?

Mon idée était alors de trouver une table de correspondance permettant de transformer les dix longueurs d’onde en dix lettres, afin de composer le nom de ladite ville commençant par la lettre B.

J’ai fini par abandonner cette technique cependant durant l’été 2024 … mais ! Il y avait un gros « mais » !

Le cahier des charges propose une autre 520

Max Valentin a modifié le texte de son énigme : dans la première version du cahier des charges, les énigmes sont associées à une couleur, mais pas encore à une longueur d’onde en nanomètre. De plus la B était censée être la 11ème énigme si on en croit son propre texte. Or chercher une table de correspondance pour trouver une ville finissant par B était vain.

En effet, ce n’est que dans la seconde version du cahier des charges que les énigmes sont associées à une longueur d’onde et que la B devient la première lettre. Cela me confirme donc que la technique n°5 n’était pas la solution.

Mais, et le détail est non négligeable, le texte très différent de la 520 dans sa première version est le suivant :

« Sois un peu fou, et à ta folie, ajoute un nid, deux ailes et un œuf »

Ce qui par lecture homophonique nous donne :

« Sois un peu fou (BARJO), et à ta folie, ajoute un nid (un I), deux ailes (deux L) et un œuf (un E) »

ou bien

« Sois un peu fou (FOU), et à ta folie, ajoute un nid (un I), deux ailes (deux L) et un œuf (un E) »

Donc BARJO et ILLE (ou le mot FOUILLE ?), séquence pour laquelle il ne manque que UV (allusion à Ultra-Violet ?) pour trouver BARJOUVILLE, au sud de Chartres.

Partant de la liste complète des communes de France, une recherche réalisée dans un fichier Excel sur la totalité des noms de villes de métropole de 11 lettres finissant par ILLE permet d’extraire 30 possibilités. Or, seule BARJOUVILLE est un nom dont les premières lettres évoquent la folie.

J’ai donc posé cette hypothèse que dans un premier temps, la 520 donnait cette ville mais que ce déchiffrement, trop facile à trouver, a motivé Max Valentin à changer la fin de l’énigme pour mieux cacher la zone finale – puisque la 520 est en dernier, elle est déterminante pour cette localisation.

Je trouvais donc une corrélation entre ma technique n°5 de trouver une ville commençant par B et cet ancien texte de la 520.

La question se pose alors de savoir pourquoi associer BARJOUVILLE au visuel de la 520. La réponse est pourtant simple : c’est en effet à Barjouville que Louis Pasteur vaccina avec succès des moutons le 18 juillet 1881 pour soigner la maladie du charbon, aussi nommé « les champs maudits ». Le bétail mourrait en masse à cause des insectes transmetteurs.

Je note aussi que dans la 530, il y avait une Vérité à trouver plus tard : le mot RAGE évoquant ici par anticipation le vaccin contre la rage que Pasteur découvrit aussi.

Si je regarde maintenant le nouveau texte de la 520, il évoque clairement la médecine appliquée à Dame Nature qu’il faut soigner, allusion claire à cette maladie des champs maudits, le visuel représentant des herbes, et de celui qui a réussi à la soigner.

Ainsi, l’ancien texte de la 520 permettait de trouver BARJOUVILLE, non pas pour une raison de localisation, mais pour identifier le personnage de Louis Pasteur pour son travail sur la vaccination. Avec le nouveau texte, l’allusion à Pasteur et aux champs reste, BARJOUVILLE disparaissant au profit d’une autre technique pour trouver la zone.

Il me restait à trouver laquelle et c’est à Dole que j’avais une trajectoire intéressante.

L’ancien texte de la 520 renvoie très explicitement vers Louis Pasteur avec la ville de BARJOUVILLE, mais une simple observation de la région montre qu’il n’y a aucune forêt domaniale autour, aucun lieu propice à plusieurs dizaines de kilomètres à la ronde pour cacher la contremarque : c’est une zone à tendance urbaine, Chartre étant toute proche. Il faut donc nécessairement comprendre que l’ancienne 520 ne donne pas la zone mais un indice : le personnage de Louis Pasteur en ainsi renvoyer à sa ville de naissance, Dole.

Mais comment trouver ce même résultat avec la nouvelle version de la 520 ? La disparition de BARJOUVILLE de l’énigme 520 n’amène plus Louis Pasteur explicitement, seulement de manière très allusive : c’est donc qu’il faut trouver cette ville d’une autre manière.

Et je remarque alors que Dole est située « Dos au ponant » de l’Ouverture, à environ 25 centimètres sur la carte de France (250 km). Je peux donc localiser Dole depuis l’Ouverture « à tâtons » en cherchant le long de l’axe une zone finale. Et comme il y a peu de forêt domaniale sur cet axe …

Dos à l'ouest, depuis Bourges, je trouve la forêt domaniale de Dole

Une méthode d’ailleurs déjà utilisée par Max Valentin dans d’autres chasses …

Mais surtout, une recherche plus détaillée sur la forêt domaniale de Chaux à l’est de Dole conduit à trouver un élément remarquable qui valide immédiatement cette zone : des bornes-guidon. https://fr.wikipedia.org/wiki/Bornes-colonnes_de_la_for%C3%AAt_de_Chaux

Ces huit bornes, étalées sur 19 km environ sont alignées d’Ouest en Est le long de la route forestière du Grand Contour. Construites par l’ONF en 1826, elles ont pour fonction d’être des guidons pour diviser la forêt en triages (2 x 8 parcelles, de part et d’autre de la route). Notablement, une colonne a été détruite : il n’en reste que sept.

« Car c’est la règle de cette partie cruelle, seul tu dois trouver ta pelle » est alors criant de vérité : j’ai trouvé une zone sans connaître la distance, avec le seul cap et l’indice de Louis Pasteur pour comprendre que je trouverai près de Dole.

Et c’est bien une règle que je trouve, orientée sur un axe cardinal. Curieusement, Dabo m’avait amené à une fausse zone où je pouvais trouver les Bornes Saint-Martin (un tripoint) … et ce sont bien des bornes que je trouve ici !

Et je me suis donc procuré la carte au 1/25000 de cette zone.

Localisation des bornes-colonnes de la forêt de Chaux

Cependant, Dole et la forêt de Chaux ne sont pas la zone finale et l’ancien texte de la 520 ne donnait qu’une seule chose : le mot « FOUILLE ». Donc là où j’étais à la fin de la 650, près des Bornes Saint-Martin ! Dabo serait-elle la bonne zone ?

Dabo est la zone

La supersolution se fait en deux temps

Mes hypothèses en 650 m’amènent donc à utiliser une carte en projection conique pour localiser les bornes Saint Martin à partir du Rocher de Dabo.

Mais je me dois de faire un constat : même sur une carte au 1/25000, un millimètre représente 25 mètres. Ce n’est donc pas le rôle de cette seconde carte de localiser le point exact où creuser.

J’ai donc nécessairement une supersolution en deux temps : la première étape, dans laquelle j’utilise la seconde carte, puis le terrain lui-même pour savoir où creuser.

Sur la seconde carte au 1/25 000

J’ai donc placé le Rocher de Dabo et sa Chapelle Saint-Léon, puis les Bornes Saint-Martin sur cette seconde carte au 1/25000, reportant une distance de 10,6 centimètres – 2,64 km sur le terrain.

Reporter le triangle BCD sur la seconde carte : du Rocher de Dabo aux Bornes Saint-Martin, j'ai une médiane.

J’ai alors reporté le triangle BCD construit sur la carte de France, en réduisant sa taille proportionnellement, pour créer un triangle B’C’D’. Et un point M’, le milieu, qui correspond au Rocher de Dabo, et B’ à la position des Bornes Saint-Martin.

Et c’est ainsi que je fais un constat très simple : la médiane du triangle M’D’ est celle qui a permis en 650 de localiser les Bornes. La 650 m’a donc donné la longueur de la médiane sur la carte de France (360 km avec le nombre 71721075, donc 36 cm) et aussi la longueur de la médiane sur la future seconde carte, les 8000 mesures (2,64 km donc 10,6 cm).

Donc l’Ouverture, est située aux alentours des Bornes Saint-Martin. J’ai donc identifié la zone et je sais même que je dois creuser non loin des Bornes qui sont mes Sentinelles. Or j’ai bien ces informations, mais en kilomètres. Même sur la seconde carte où ma médiane fait 2,64 km (10,6 cm). Et une demi-base de 2,31 km (4,625 cm).

J’ai donc ceci sur chacune des deux cartes :

La supersolution sur les deux cartes

Et sur le terrain ?

En faisant cela, je viens de construire la 12ème énigme et il me faut maintenant la résoudre. Comment trouver un point précis ?

Il me faut un repère ponctuel, un azimut et une distance à reporter, comme pour la totalité des chasses au trésor organisées par Max Valentin.

Or j’ai ici un repère précis : une borne Saint-Martin qui se distingue des deux autres qui techniquement ne sont pas des bornes mais de simples rochers non ponctuels.

Il me manque donc un azimut et une distance.

Résoudre la supersolution, c’est ramener le triangle BCD à des dimensions beaucoup plus réduites en mètres pour être applicables sur le terrain. Or il me reste un uniquement élément numérique que je n’ai pas utilisé : la hauteur du Rocher de Dabo, désignée comme étant la clef de l’énigme.

Je recherche alors la hauteur de la Borne Saint-Martin : le seul point de repère vertical. La fiche merimee_IA57000669.pdf de base de données Mérimée de l’Etat Français nous donne alors cette caractéristique : la borne mesure 1,15 mètres de hauteur. Dans le pire des cas, si je n’avais pas réussi à trouver cette information, je pouvais finaliser ma supersolution sur le terrain en mesurant moi-même cette hauteur.

J’applique alors le Théorème de Thalès (donc une règle de 3) en considérant que les dimensions au sol sont ramenées à 1,15/650ème. Et si maintenant j’assimile que la hauteur de la borne Saint-Martin est proportionnelle à celle du Rocher de Dabo, j’obtiens les distances suivantes par une simple règle de 3 :

Tableau des dimensions en mètres une fois la supersolution résolue.
Tableau de résolution pour repérer le spot final

Il ne me reste donc plus qu’à aller sur place. Trois piquets de tente, trois cordelettes aux trois dimensions et une boussole suffiront. 2 mètres depuis la Borne Saint-Martin, dos à l’ouest, puis remonter de 4,5 mètres vers le nord. L’hypoténuse de vérification devant mesurer 5,10 mètres.

Et enfin, creuser.