Lettre ouverte à Michel Becker

Cher monsieur Becker,

Vous venez d’annoncer sur votre serveur Discord officiel et autres canaux électroniques « ce jeu est fini ». Brutalement et sèchement. Avec cette certitude qui vous caractérise parfois dans vos communications.

Or, ce qui vous dite est totalement erroné. Non que je conteste la sortie de terre d’une contremarque qu’elle que soit son échelle. Et quels que soient les raisonnements ayant amené à ce résultat. Mais tout simplement parce qu’il semble que vous avez oublié la définition d’un jeu.

Je me permets ici de vous rappeler la page de mon site Internet dédiée à la symbolique des jeux. Elle relate la définition proposée dans l’Encyclopédie des Symboles :

« Les jeux sont des activités désintéressées, volontaires, qui se déroulent selon certaines règles et qui recèlent en elles des significations symboliques généralement oubliées. Liés, en tant qu’ils sont gratuits, à une manifestation ou une célébration du sacré, ils ne comportent pas forcément, tout au moins au départ la notion d’adversaire : ils témoignent plutôt de l’organisation du cosmos que l’on limite en jouant, ou un parcours individuel d’initiation par lequel on passe d’un degré à l’autre de sa propre conscience d’être. »

Dans votre élan, vous tendez à oublier qu’un jeu est bien plus qu’atteindre un but. Et tous les athlètes de haut niveau des Jeux Olympiques vous le diront. Une médaille fusse-t-elle en or, n’est qu’un objet de métal sans valeur. Un jeu c’est d’abord un chemin. Croyez-vous un instant contrôler ce jeu ? La chasse à la Chouette d’Or est sorti de tout contrôle depuis longtemps et il ne vous appartient donc pas de décider que ce jeu est fini. Vous n’en avez pas le pouvoir. Ni maintenant, ni jamais. Car l’essentiel est de participer : je suis fidèle aux valeurs de l’Olympisme selon Pierre de Coubertin.

Les anneaux olympiques sur la Tour Eiffel
Les anneaux olympiques sur la Tour Eiffel

Ce que vous ne semblez pas comprendre

C’est que pour certains d’entre nous, depuis des dizaines d’années, chasser la chouette est bien plus qu’essayer de mettre dans sa poche une somme d’argent.

Chasser la Chouette, c’est se remettre en question en permanence, travailler sa Pierre Intérieure pour devenir une meilleure version de Soi. Certes, certains obsessionnels se perdent en route, et si vous aviez fourni un effort, vous comprendriez que lorsqu’on est Cherchant, on est aussi parfois Souffrant. Travailler sur soi, c’est éliminer consciencieusement ses défauts, donc se jauger, pour écarter les scories que l’on ne souhaite plus voir en soi. Cela est parfois douloureux et, pour certains, demande plus de temps que pour d’autres.

Monsieur Becker, cela fait bien longtemps que les chasseurs ne cherchent pas une contremarque, mais simplement se soumettre à une quête, celle du dépassement de soi. Il me paraît donc indispensable de vous rappeler que ce jeu est loin d’être fini. Et qu’il vous est vain de croire que vous pouvez stopper sa marche sous prétexte qu’une personne aurait déterré un machin quelque part.

Vous ne respectez pas les chasseurs en traitant certains de complotistes, car vous ne voulez pas voir ce qu’ils sont, les réduisant à des acheteurs d’un livre-contrat obéissants, ou non conformes à vos objectifs, donc dignes de mépris. Vous manquez de profondeur de vue et de cœur.

Le jour où vous avez annoncé la découverte, je trouvai pour ma part une zone finale – je n’en avais pas depuis 5 ans. Croyez-vous que vous m’ayez arrêté ? 28 ans que je chasse. Et je ne suis pas prêt d’arrêter.

J’irai peut-être inspecter celle-ci prochainement, et peut-être même sonder un spot (je ne creuse pas comme un sauvage). Probablement qu’il n’y aura rien. Et si j’étais là où votre inventeur a déterré votre contremarque au 2/8 ? Et si elle faisait 1/8 ? Avouez que là, vous seriez un peu gêné aux entournures …

N’étant pas contraint par quelque contrat me liant à vous désormais – si votre jeu juridique est fini, ce contrat est rompu -, je pourrais alors librement publier un livre de mes hypothèses d’ailleurs – il est rédigé à 90% au moment où j’écris ces lignes.

Je vous invite maintenant à méditer sur cette fable.

Bien à vous

Simon

Le laboureur et ses enfants – Jean de Lafontaine

Travaillez, prenez de la peine :
C’est le fonds qui manque le moins.
Un riche Laboureur, sentant sa mort prochaine,
Fit venir ses enfants, leur parla sans témoins.
Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l’héritage
Que nous ont laissé nos parents.
Un trésor est caché dedans.
Je ne sais pas l’endroit ; mais un peu de courage
Vous le fera trouver, vous en viendrez à bout.
Remuez votre champ dès qu’on aura fait l’Oût.
Creusez, fouiller, bêchez ; ne laissez nulle place
Où la main ne passe et repasse.
Le père mort, les fils vous retournent le champ
Deçà, delà, partout ; si bien qu’au bout de l’an
Il en rapporta davantage.
D’argent, point de caché. Mais le père fut sage
De leur montrer avant sa mort
Que le travail est un trésor.