2. Rocher du Caro : étude du support

Le Rocher du Caro demande une étude du support comme toute analyse épigraphique le réclame. Pour cela je commence par énumérer les textes en observant ce que j’ai sous les yeux.

2.1 Structure des supports

Le rocher principal comporte trois facettes gravées A, B et C :

Photo page 6 du dossier : les trois facettes du rocher
Photo page 6 du dossier : les trois facettes du rocher

Un bloc supplémentaire que nous désignerons par la lettre D, offre un bout de texte.

Photo page 60 du dossier : l'unique facette gravée du bloc D
Photo page 60 du dossier : l’unique facette gravée du bloc D

Enfin, une photo en noir et blanc de la publication du Bulletin « Monuments et objets d’art du Finistère de 1984 » en page 332, est reproduite dans le dossier en page 5. Nous le noterons « E ».

Photo de la publication du Bulletin « Monuments et objet d’art du Finistère » en page 332
Photo de la publication du Bulletin « Monuments et objet d’art du Finistère » en page 332

2.2 Dénombrement des textes

2.2.1 La partie haute

Nous avons donc potentiellement un unique texte ou plusieurs textes distincts. Notre travail doit donc commencer par dénombrer ces derniers. Dans la mesure où cela est possible, la traduction devant en dernier recours finaliser cette tâche.

L’examen superficiel de l’inscription de la face A montre qu’elle est structurée en deux textes consécutifs distincts. Nous noterons [a1] et [a2], le premier non daté, le second daté de 1787.

La facette B, plus petite, peut être la fin des lignes des deux textes de la face A. Tout comme elle pourrait éventuellement être un texte indépendant que nous noterons [b1].

Photo page 6 du dossier : les textes de la partie supérieure du rocher
Photo page 6 du dossier : les textes de la partie supérieure du rocher

2.2.2 La partie inférieure

L’examen attentif de la face C ne nous permet pas de comprendre si elle se compose d’un seul ou de deux textes. Par défaut, nous les notons [c1] et [c2] :

Photo page 6 du dossier : les textes de la partie inférieure du rocher
Photo page 6 du dossier : les textes de la partie inférieure du rocher

Nous considérons que la date « 1920 » est indépendante et d’ailleurs considérée « d’une seconde main » selon la transcription de 1984.

Le lecteur notera que le texte [c1] et [c2] sont de deux styles différents :

  • L’alignement des lettres est différent mais également leur composition, [c1] en ligne quand [c2] est en colonne
  • La taille et le style des lettres de [c1], plus grandes et plus anguleuses, quand [c2] voit ses lettres plus petites et plus rondes

En revanche ces deux textes semblent être fusionnés sur deux lignes si bien qu’il est difficile d’apprécier leur délimitation respective.

2.2.3 Le bloc D

Concernant le bloc D, sa forme même nous laisse peu d’option. Il ne peut être juxtaposé qu’au seul texte [c2] de 1786. Ce que le dossier propose d’ailleurs en indice puisqu’une juxtaposition est photographiée :

Photo page 17 du dossier : juxtaposition des textes [c2] et [d1]
Photo page 17 du dossier : juxtaposition des textes [c2] et [d1]

Cependant, rien ne certifie cette hypothèse dans l’immédiat : seul le travail de traduction pourra la valider. Nous notons toutefois que le texte [c2] est ancien puisque daté de 1786. Les usures du bloc D et de la partie inférieure du rocher semblent similaires. De même que les lignes qui partagent la même orientation et taille des caractères.

Enfin, le bloc E – probablement mentionné comme étant celui qui est illisible aujourd’hui, comporte lui aussi des bribes. Nous le noterons [e1]. Nous ne sommes pas en mesure à ce niveau de tenter un rapprochement avec les autres textes du rocher.

Notre stratégie sera donc de traduire :

  • Le texte [b1] comme s’il était un texte indépendant
  • Le texte [d1] comme s’il était un texte indépendant
  • Les textes [a1], puis [a2], en rapprochant les rapprochant du texte [b1]
  • Le texte [c1] seul, puis éventuellement en continuité de [c2]
  • Le texte [c2] en le rapprochant du texte [d1]
  • Le texte [e1] comme s’il était un texte indépendant

2.3 Les relevés publiés en 1984 et 2019 : les sources S1 et S2

En page 4 du dossier, nous trouvons un extrait d’une copie de l’article publié en 1984 dans la revue « Monuments et objets d’art du Finistère » (sa double-page 332-333 pour être précis).

Cet article nous propose ainsi un relevé de l’inscription (S1). Nous pouvons raisonnablement penser qu’il date de la même époque. Le constat est alors fait que ce relevé diffère du relevé manuscrit proposé en page 7 du dossier (S2) – relevé que nous supposons de 2019.

La comparaison des deux relevés ainsi réalisés à 35 ans d’écart (environ), nous apporte des informations complémentaires importantes. Le relevé de 1984, en effet, expose un état antérieur du rocher. Il semble qu’il était moins érodé puisque nous constatons l’apparition de lacunes dans S2 qui n’existaient pas alors dans S1 :

Photos page 4 et 7 du dossier : juxtaposition des deux sources S1 et S2
Photos page 4 et 7 du dossier : juxtaposition des deux sources S1 et S2

Ce comparatif va ainsi nous permettre de combler des lacunes. Toutefois nous notons qu’il comporte des erreurs corrigées par le nouveau relevé. Il est regrettable qu’un facsimilé ou des photographies n’aient pas été réalisés en 1984 car un relevé typographié amène une perte d’information. Nous retenons que cet ancien relevé n’est pas nécessairement une source fiable. Mais nous l’utiliserons toutefois en complément du nouveau relevé et des photographies (S3).