3. Traductions – Texte [e1]

Le Rocher du Caro dans sa traduction présente un bloc illisible. Le texte e1 dont on dispose d’un relevé réalisé en 1984.

3.6 Le texte [e1]

Le bloc E n’est visible que sur la reproduction de sa photo en page 5 dans tout le dossier. En revanche, nous remarquons qu’il a été retranscrit en 1984 dans S1, toujours en page 5 :

Détail de la transcription de 1984
Détail de la transcription de 1984

Un article[1] publié dans le bulletin de la Société Archéologique du Finistère, permet d’avoir une photographie légèrement plus nette :

Le bloc E sur le site de la SAF
Le bloc E sur le site de la SAF
S1CI
DOS
DARMIS … UT
1771MESO
EMGAR
DALOTOGREC
TRE : C…N
S2 et S3Aucune
Translittération[…ki…]
[…]adoz[…] dar miz [ut] 1771
me zo em Gar[o]
d’al o tô grec
tre : [c…i]n
Forme finale[…s]ador[n] d’ar miz [du] 1771
me zo en Gar[o]
d’al o tù grég
tre […i]ñ
Traduction […] samedi du mois [de novembre] 1771
je suis en Caro
au côté de (mon) épouse
pour […]

Analyse :

  • Il n’existe aucun mot breton contenant « CI » et un très grand nombre contenant « CHI », « C’HI », « KI » ou « GI » : il est impossible de trouver ce mot aisément et nous préférons le laisser en lacune
  • Le début du texte est constitué des éléments d’une date. Dès lors ADOZ est une partie du jour de la semaine sadorn pour laquelle le Z est en fait un R dont la barre verticale est manquante, le S initial et le N final en lacune
  • Nous reconnaissons ensuite l’expression d’ar miz derrière laquelle nous attendrions le nom d’un mois finissant pas UT puis l’année 1771. Mais aucun des noms des mois en breton ne correspond avec UT ou VT. En examinant la seule photo à notre disposition – très floue par ailleurs – nous ne notons aucune lettre visible après MIZ. Mais en revanche, nous remarquons que l’espace est très réduit, au point qu’il y tout juste la place pour quelques lettres.

Dès lors, deux noms de mois sont seulement envisageables car de 2 et 4 lettres : eost le mois d’août et du, se prononçant « tu », le mois de novembre, hypothèse que nous retenons car proche du UT noté en 1984 (une inversion de lettre ?)

  • La suite est aisée à lire puisque nous reconnaissons me zo en Garo avec une légère correction (ce n’est pas un EM mais EN visible sur la photo), le nom « Caro » ayant subi une mutation de liaison coutumière.
  • DALOTO se comprend par d’al o to « au côté de ». En page 589 du Le Gonidec, nous trouvons tù, « le côté », dont nous supposons que  est une variante. Dès lors o tô se traduit par « le côté » et d’al la préposition « à ».
  • GREC est en fait le mot grég et qui signifie « femme mariée » ou « épouse » comme l’indique Le Gonidec en page 348. Le possessif « mon » n’est pas explicitement dans la phrase, mais une femme mariée n’ayant qu’un seul époux et réciproquement, il est sous-entendu en breton alors que nécessaire en français.
  • La dernière ligne commencerait par TRE et nous voyons sur la photo un R suivi peut-être d’un E (seule la barre verticale est vraiment visible). La première lettre T n’est pas vraiment visible. Quant à la suite de la ligne, elle est incertaine : est-ce un C ? un A ? Seul le N final est visible, peut-être même précédé d’un I.

Nous pouvons traduire TRE par un dre ayant subi une mutation durcissante, donc la préposition « pour » et il est probable que le mot suivant soit un verbe à l’infinitif finissant par la terminaison -iñ … ce qui nous laisse 3007 verbes selon le Meurgorf.

Nous arrêtons donc là notre traduction et terminons sur une lacune difficile à résoudre.

Discussion sur le texte [e1]

Nous avons là un texte indépendant que nous ne pouvons pas rapprocher du rocher pour une reconstruction, ni par la forme, ni par les textes.

Force est de constater qu’il est le plus ancien de tous les textes et semblent sans rapport avec les fortifications du Caro en 1786 et le phénomène des mortes eaux de 1787.

A défaut de connaître le jour dans le mois, les éléments de datation fournis permettent de réduire les dates possibles : il y a 5 samedis pour le mois de novembre 1771, les 2, 9, 16, 23 et 30.

Concernant la syllabe KI nous pouvons alors émettre une hypothèse : le K a été confondu avec un R partiellement effacé sur la partie supérieure. Dès lors la syllabe RI que nous formons pourrait être tri, le 3ème samedi du mois, donc le 16 novembre 1771.

Cette hypothèse reste cependant faible.


[1] https://societe-archeologique.du-finistere.org/inventaires/plougastel-daoulas-inscription-anse-caro.html