3. Traductions – Texte [c1]

Le Rocher du Caro dans sa traduction, nous amène vers des fraisiers ! Est-ce étonnant puisque Plougastel-Daoulas en est la capitale.

3.5 Le texte [c1]

3.5.1 Ligne 1

S1OBIIE: BRISBVILARFROIK… AL
S2obIIE bRIZbVILA
S3obIIe bRIZbVILA[I?…] ERoI AL
Translittérationo bijé briz b(o)uil(h)a[ñ] e Roi<k>al
Forme finalehô bijé briz bouilha[ñ] e Réal
TraductionIl serait le prix le plus brûlant en Réale

Remarques préalables :

  • La ligne 1 est nette mais pourrait être entachée de deux lacunes en raison d’un défaut. Et d’un trou dans le rocher. A ce stade nous ignorons si ces altérations préexistaient avant la gravure. Donc s’il y avait des lettres ou si le scribe a contourné l’un, l’autre ou les deux obstacles.
  • S1 mentionne un R, un F et un K par erreur. Pour le R, seul un fût vertical est présent. Nous mettons donc un I en lacune sachant que ce fût peut être une partie d’une autre lettre. Le F est en réalité un E dont un trait inférieur était effacé en 1984. Enfin le K est purement et simplement absent sans place possible : probablement un erreur ?

Analyse de la ligne 1 :

  • Il n’existe aucun mot contenant OBIIE ou OBTIE en breton. Une séquence qui se détache nettement du groupe BRIZ en raison d’un léger décalage d’alignement. En revanche, le deuxième I a une légère courbure à sa base : un J est possible. Nous avons donc là un groupe verbal o bijé.
  • Le o initial induit deux hypothèses :
    1. Il peut être la particule aspectuelle verbale mais serait alors suivi d’un infinitif. Or bijé est une forme conjuguée, ce qui exclut donc cette possibilité.
    2. Il ne peut donc qu’être le pronom de la 3ème personne du pluriel (écrite )
  • bijé offre alors trois possibilités :
    1. le verbe bezañ à la troisième personne du singulier du conditionnel (Cf. page 31 du Le Gonidec), l’irréel passé
    2. l’auxiliaire kaout à la première personne du pluriel du conditionnel au personnel (Cf. page 32 du Le Gonidec)
    3. le verbe kaout à la première personne du pluriel du conditionnel à l’impersonnel (Cf. page 33 du Le Gonidec)

Nous sommes alors face à un paradoxe car le pronom sujet est au pluriel. Ce qui impliquerait de prendre l’une de deux formes du verbe kaout. En réalité, c’est bien la forme de bezañ qu’il nous faut retenir. Mais il faut alors admettre que o n’est pas un pronom pluriel mais un singulier collectif. Nous traduisons donc « il serait » mais en retenant que ce « il » renvoie à un groupe. Nous verrons à la ligne suivante qu’il s’agit d’un lot de fraisiers.

  • briz est la mutation adoucissante de priz et signifie « le prix »
  • bouilh est l’adjectif qui signifie « ardent, bouillant, impétueux, vif, brûlant » et son h a été omis par le scribe. Notons qu’il peut être confondu avec le nom commun builh (la bulle). Et cela en raison du V qui représente en réalité la double-voyelle OU. Soit par oubli du scribe, soit parce que ce mot s’écrivait ainsi en breton prémoderne – mais nous ne pouvons pas décider. Nous translittérons donc b(o)uil(h).

Hors contexte, il est difficile de trouver le sens exact à donner : est-ce un sens figuré ? Pour un prix, nous aurions tendance à le traduire par « élevé » en français. Mais cette lecture est peut-être dans un champ sémantique inadapté.

Comme nous le verrons, la tonalité du texte dans sa globalité est le thème de la guerre. Dans ce domaine, la notion de prix devient alors figurée. Nous le traduisons par « brûlant » dans un premier temps : nous donnerons une explication en synthèse à ce choix.

  • L’adjectif bouilh qui qualifie le prix, est complété par le suffixe -añ, donc un superlatif « le plus brûlant ». Ce qui permet d’écarter complètement le mot builh qui est un nom et non un adjectif.
  • Les photos pages 42, 49 et 62 montrent un trou suivi d’un E, S1 voyant là un F par erreur. Nous supposons ici que le trou était déjà présent lorsque le texte a été gravé. Il n’y a donc pas de lacune et le scribe a sauté l’obstacle. Dans cette hypothèse, la lettre E se suffit à elle-même et établit une relation avec le mot qui suit. Nous devons donc les traduire ensemble.
  • Le dernier mot est roial qui est le mot français « Royal » dans les toponymes. Exemple du Meurgorf : Baz Royal s’écrit bazh-roial issu de bazh=bâton + roial= Royal. Mais dans tous les contextes proposés par le Meurgorf, Roial est écrit avec une majuscule. Puisqu’un toponyme est un nom propre : sa traduction n’est donc pas si simple.

Si ce mot était un adjectif alors le e qui précède serait une conjonction de coordination comme « et » et nous traduirions « le plus brûlant et royal » par exemple. Cette hypothèse doit cependant être écartée car e n’est pas un mot ayant cette nature. Il ne peut être qu’un pronom, un adverbe ou une préposition. Ce qui implique que le mot qui suit ne peut pas être un adjectif mais un nom propre étranger.

Et nous trouvons alors une variante réal du mot roial qui n’est autre qu’une monnaie, la « réale », valant cinq sous, introduite par les espagnols « probablement du temps de la Ligue »[1]. Dès lors, e Roial (ou e Réal) peut se traduire par « en réale », la particule e étant la préposition « en » suivi du nom propre de la devise.

Conclusion :

A ce stade, le bloc D n’intervient pas dans notre travail et nous pouvons déjà supposer que le sujet diffère des textes [a1] et [a2]. Nous devons aussi garder en mémoire que la traduction de l’adjectif bouilhañ est sujette à un doute en raison du contexte qui se trouve être insuffisamment exprimé pour l’instant.

Enfin nous avons une indication de datation haute puisque le réale eût court jusqu’au milieu du 18ème siècle : ce texte date donc d’avant 1864 (date où il a été remplacé par l’escudo).


[1] Le Gonidec, page 502

3.5.2 Ligne 2

S1… ALVOA ARBORSINET
S2    ALVQ4 AKbORSIV.T
S3[…A]LVo4 ARboR SIV(trou)T
Translittération[t]alv 84 arbor-sivi
Forme finale[t]alv 84 bod-sivi
TraductionIl vaut 84 fraisiers

Remarques préalables :

  • Là où S1 propose un O majuscule, S2 propose un Q. Alors que les photos S3 montre que cela n’est ni l’une ni l’autre : une sorte de o minuscule mais placé en haut de ligne, laissant la place d’une demie-hauteur de lettre sous lui.
  • Le 2ème A de S1 est vu comme un 4 dans S2. L’examen des photos en page 15 et 41 démontre qu’il s’agit bien du chiffre.
  • S2 retranscrit un K alors que la photo en page 41 montre qu’il s’agit bien d’un R comme S1 le notait déjà correctement
  • Comme déjà constaté, S1 corrige les И en N comme celui présent en fin de ligne. Dans S2, cette même lettre fut notée V – ce qui l’interprétation exacte si nous l’observons dans S3 : en réalité, S1 a supposé un И, en ajoutant un second fût vertical après le V puis noté un N ainsi recomposé.

Analyse de la ligne 2 :

  • Nous ne traduisons pas les premières lettres immédiatement, mais en fin d’analyse. Nous commençons directement par le mot arbor qui n’existe pas en breton mais qui est le mot latin « arbre ».

La fin de la ligne est traversée par une large trou qui a contraint le graveur à noter la dernière lettre après : un I vu comme un T dans les trois sources. Cette fissure est à l’origine d’un E inséré dans S1 mais il n’y a aucune raison d’avoir cette lettre là car nous pouvons former le mot sivi « fraise », en comprenant que le T final est simplement un I modifié par un petit défaut horizontal au sommet du fût – à moins qu’un second trait horizontal ne se soit effacé au pied du fût.

Nous reconnaissons là le mot arbor-sivi, le « fraisier », qui s’écrit bod-sivi en breton moderne. Nous supposons ici que le mot moderne n’existait pas encore deux siècles avant. Pourquoi alors utiliser le latin ?

La raison est très simple : le fraisier n’a été introduit en Bretagne qu’entre 1714 et 1739 par Amédée-François Frézier[1], sous couvert d’une expédition botanique au Chili.

Or il est d’usage de désigner les plantes par des noms latins, langue d’ailleurs régulièrement entendue par les bretons fervents catholiques en cette époque monarchiste.

Il n’y a donc rien de surprenant à ce que le mot bod-sivi du breton moderne eût une forme construite sur la base d’un mot latin deux siècles auparavant.

  • Précédant le mot arbor-sivi nous trouvons le chiffre 4 : une observation plus attentive nous montre que le o minuscule n’est pas une lettre mais qu’il s’agit en fait d’un chiffre 8 (moins probablement un 9) puisqu’une légère intersection est encore visible à la base du o. Ce qui permet de former le nombre 84.
  • Il reste alors à traduire le groupe ALV ou encore ALU ou ALW, qui ne correspondent à aucun mot en breton : nous devons donc admettre qu’au moins une lettre est en lacune devant. Si nous recherchons alors les mots finissant par ces séquences dans le Meurgorf, nous avons :
    • Pour ALU,  deux mots possibles uniquement balu et dispalu, définis dans le dictionnaire Catholicon donc du 15ème siècle. Beaucoup trop anciens pour être des hypothèses valides.
    • Avec ALW, aucun mot terminant par ces lettres n’est connu du Meurgorf
    • Pour ALV », 14 mots sont possibles dont galv, halv , malv, palv, salv et talv pour les plus courts. Nous retenons le verbe talvout « valoir », ici à la troisième personne du singulier au présent de l’indicatif
  • Le verbe talv peut alors avoir deux sujets : soit le prix, qui est au singulier, soit le groupe des 84 fraisiers collectivement considérés – interprétation collective que nous avons justement proposée pour traduire la forme verbale o bijé.

Le lecteur notera que le prix et les 84 fraisiers sont justement assimilés l’un à l’autre : il y a donc une cohérence grammaticale à employer des verbes à la troisième personne du singulier pour l’un comme pour l’autre (au lieu du pluriel).

Conclusion :

Notre travail à ce stade nous montre que le rocher était déjà abimé au moment où l’auteur a gravé son texte.

Sur le fond, il n’y aucune surprise à ce que ce texte évoque la fraise dans la région de Plougastel Daoulas, célèbre dans le monde entier pour ce fruit qui d’ailleurs figure sur ses armoiries.


[1] Cf. https://www.ouest-france.fr/bretagne/brest-29200/si-lhistoire-de-la-fraise-de-plougastel-metait-contee-2722294

3.5.3 Ligne 3

Problématique :

C’est à ce moment de notre étude que surgit la difficulté de séparer (ou non) les textes [c1] et [c2], et de rapprocher [d1] de [c2]. Mais que disent nos sources ?

  • S1 fusionne les deux lignes 3 et 4 en une seule : CARCLONEPR ES (SAKI) ASONRES E I BEL. Nous les séparons car (SAKI) appartient au bloc D et ASONRES E I BEL est au bloc C

Dans S1, la séquence (SAKI) notée entre parenthèses, illustre une supposition faite de juxtaposer le texte [d1] avec [c2] en 1984, mais seulement à partir de la ligne 4. Car dans cette hypothèse, SAKI démarre nécessairement la ligne 4 : il est impossible de placer le bloc D à droite du texte [c2], uniquement à gauche. Cependant, même s’il n’est plus possible de juxtaposer les deux blocs de nos jours en raison de l’usure, nous devons prendre pour exacte l’hypothèse de 1984.

  • S2 décompose en deux lignes OSCAR CLOIVE PRE Z.T puis ZOИREZE mais ne fait pas le rapprochement avec le bloc D. Il ajoute OS en début de ligne 3 que nous ne voyons ni dans S1 ni dans S3 si bien que nous ne savons même pas s’il faut le mettre en lacune.

Une césure entre [c1] et [c2] ?

Reste maintenant à identifier l’éventuelle césure entre [c1] et [c2] par l’observation :

Photo page 60 : Composition des textes [c1], [c2] et de l'année 1920
Photo page 60 : Composition des textes [c1], [c2] et de l’année 1920

Le lecteur note immédiatement que l’année 1920 a un alignement spécifique (en bleu), qui ne suit pas l’alignement de [c1] (en jaune) mais celui de [c2] (en vert). Le graveur a pris pour référence d’alignement le texte à sa gauche, montrant ainsi qu’il n’y a pas de relation avec [c1] situé au-dessus. Et comme [c2] date de 1786, l’année 1920 est donc d’une autre main 134 ans plus tard.

Si nous nous fions maintenant aux orientations des lettres, nous délimitons assez facilement les deux premières lignes de [c2] des deux dernières lignes de [c1].

Combien de textes ?

Mais est-ce un seul ou deux textes ?

Il faut reconnaître que cette composition laisse un doute. L’hypothèse d’un texte unique reste cependant possible : un autre rocher situé devant et aujourd’hui déplacé gênait peut-être et a contraint le graveur à un contournement arrivé en bas de [c1], l’amenant à poursuivre en colonne sur la gauche avec [d1] et [c2].

Ce qui est certain c’est que le texte [c1] a débuté en suivant l’arrête séparatrice de la face A et de la face C du rocher.

Nous devons supposer ici que quatre scénarios s’opposent :

A : [c1] a été écrit par-dessus [c2], effaçant les lettres des fins des deux premières lignes.

B : [c2] a été par-dessus [c1], effaçant les lettres des débuts des deux dernières lignes.

C : Les textes [c1] et [c2] sont du même scribe et ont été écrit d’un seul tenant.

D : Les textes [c1] et [c2] ne sont pas du même scribe mais sont accolés d’un seul tenant.

Quatre possibilités

Dès lors notre travail de traduction doit envisager ces quatre scénarios simultanément.

Scénario AScénario BScénario C et D
S1RCLONEPR ESRCLONEPR ES               CARCLONEPR ES (SAKI) ASONRES E I BEL
S2RCLOIVE PRE Z.TRCLOIVE PRE Z.T          OSCAR CLOIVE PRE Z.T
S3RCLO NE[?]PRE Z [T?]RCLO NE[?]PRE Z [T?]               CARCLO NE[?]PRE Z [T?]
Translittérationrclo ne prez[…]rclo ne prezcarclo ne prez [ket?]
Forme finaleImpossibleImpossiblekarglou(d) ne prez [ket?]
TraductionImpossibleImpossibleaucun mangeur ne parle

Remarques préalables :

  • Nous mettons en lacune le dernier T car il suffit de consulter la photo en page 62 par exemple, pour avoir un doute : le T est gravé selon un angle de 45° environ. Est-il un K ?
  • Comme constaté jusqu’à présent, S1 transforme les Z en S ce que S2 et S3 corrigent. Cependant S2 ajoute une erreur en décomposant le N en I et V en séparant le premier fût du N, le reste de la lettre formant le V
  • En examinant plus attentivement la photo en page 41, on remarque que le C pourrait éventuellement être un S
  • L’espace entre NE et PRE ne semble pas être une lacune mais il comporte une éraflure qui interroge comme le montre la photo en page 62
  • Enfin, une fissure sépare PRE et Z mais sans lacune apparente

Analyse (commune aux trois scénarios) :

  • Nous commençons par étudier le groupe NE PREZ : en première hypothèse il peut être un mot unique, le scribe ayant été contraint de sauter un défaut de la roche. Deux mots sont alors possibles : nepred « jamais » et nepreizh « neutre ». Mais l’un comme l’autre doit être écarté car n’est pas compatible avec les lettres qui suivent.
  • Une seconde hypothèse serait de voir là le nom commun priz avec un défaut sur le E (puisque ce mot a déjà été vu en ligne 1 mais nous sommes alors face à une impossibilité car le NE qui précède induit une faute de syntaxe, ne ayant la même fonction négative ou interrogative qu’en français
  • L’hypothèse d’une construction négative ne _ ket ou nep :
    1. Le T final peut être la diagonale montante d’un K : nous supposerions donc un ket en lacune après prez.
    2. Il est aussi probable que la forme négative employée soit nep « aucun » dont le p a été omis. Quoi qu’il en soit, dans les deux cas d’une construction négative, ceci implique que le groupe PREZ est un verbe.
  • Il n’existe que 10 verbes contenant PREZ d’après le Meurgorf, dont prezeg « parler » variante de prezegiñ, ou prezek « prêcher », qui en est voisin, pour lesquels PREZ est le radical. Nous aurions donc là « aucun ne parle » ou « aucun ne prêche » selon le contexte. Notons que prez est aussi le substantif « le parler » mais qui dans une construction négative n’a pas sa place

Analyse du scénario A :

Dans le scénario A, la phrase débuterait par RCLO ce qui donnerait en breton moderne RKLO, RCHLO, RC’HLO ou RGLO, voire RSLO si le C est en fait un S. Or il n’existe aucun mot breton commençant par ces séquences selon le Meurgorf.

Le scénario A pour lequel le texte [c1] aurait été écrit par-dessus [c2] ne peut donc pas être retenu.

Analyse du scénario B :

Dans le scénario B, le texte [c2] aurait été écrit par-dessus [c1], ce qui signifie que la séquence RCLO a été coupée, donc qu’elle terminait le mot.

Nous devons donc chercher des mots du breton moderne finissant par RKLO, RCHLO, RC’HLO ou RGLO (voire RSLO si le C est en fait un S) mais ne commençant ni par KA, ni par CHA, ni par C’HA, ni par GA.

Or il n’existe aucun de ces mots selon le Meurgorf. Nous devons donc supposer maintenant qu’il n’y a pas de césure dans le groupe CARCLO : il ne reste que les scénario C et D possibles – au moins pour cette 3ème ligne (il nous faudra confirmer cette hypothèse avec la ligne 4).

Analyse du scénario C ou D :

  • Nous devons donc trouver un mot du breton moderne pour lequel CARCLO serait sa forme en breton prémoderne. Le premier C nous amène à considérer les quatre syllabes suivantes : kar, char, c’har et gar. Le deuxième C nous amène à considérer les cinq syllabes suivantes : klo, chlo, c’hlo, glo et slo. Par combinatoire, cela nous donne 20 mots possibles :
    • karklo, karchlo, karc’hlo, karglo, karslo
    • charklo, charchlo, charc’hlo, charglo, charslo
    • c’harklo, c’harchlo, c’harc’hlo, c’harglo, c’harslo
    • garklo, garchlo, garc’hlo, garglo, garslo

Un seul de ces 20 mots existe dans la langue bretonne mais nécessite l’ajout d’un d à la fin : kargloud « le mangeur », existant aussi sous deux autres formes fléchis selon le Meurgorf c’hargloud et gargloud. Nous devons donc admettre qu’un breton prémoderne ce mot s’écrivait sans D final mais un OU noté ici O dans notre texte.

  • Dès lors se pose la question de savoir si la transcription S2 de 2019 était exacte en ajoutant le groupe OS en début de ligne. Or os n’est pas un mot breton et il n’existe pas parmi les 20 mots ci-dessus, un possibilité de préfixe en os en s. S2 est donc probablement erronée sur ce point.

Conclusion :

Nous venons de démontrer que la ligne 3 n’est pas coupée en deux : la première syllabe de la ligne 1 du texte [c2] ne trouve donc un sens que dans son prolongement dans la ligne 3 du texte [c1].

Nous devons maintenant vérifier que la ligne 4 suivante nous amène au même résultat.

Cependant, il n’est pas décidable de choisir entre un texte unique et deux textes indépendants, le scénario C ou D. Car même si la composition des lignes n’établit de césure ou d’écrasement d’un texte par l’autre, cela ne signifie pas que d’un point de vue sémantique, il s’agissent du même texte et du même scribe composé d’un seul tenant : la séparation peut être entre deux lignes.

C’est donc une fois [c1], [c2] et [d1] traduits que nous pourrons lever le doute.